La poubelle à la mer
«C’est une mer infinie de déchets plastiques d’un continent à l’autre», a déclaré Marcus Eriksen, directeur exécutif du groupe 5 Gyres, qui a navigué de Perth (en Australie) vers l’île Maurice, couvrant la même zone d’océan passée au peigne fin pendant des semaines par l’équipe de recherche des disparus du vol Malaysia Airlines MH370.
Des semaines de recherche et toujours aucune trace de l’épave de l’avion. Par contre, les membres de cette expédition ont fait un constat alarmant sur un problème environnemental à dimension mondiale. Dans leur recherche désespérée pour trouver des indices sur le sort de l’avion disparu, ils ont découvert des centaines d’objets imposants, y compris des pièces d’équipement de pêche et autres épaves, polluant une zone si large qu’elle est visible par satellite !
L’accumulation de déchets polluants dans nos océans est une catastrophe trop peu rapportée : Selon une estimation récente, vingt millions de tonnes de déchets plastiques sont jetés chaque année dans les océans, s’accumulant dans les cinq grands courants marins tourbillonnants, appelés gyres, mais plus tristement connus sous le nom de « plaques de déchets ».
Les gros débris, repérés par satellite et avion de recherche, représentent une toute petite fraction de la totalité des déchets que l’homme déverse dans les océans. En effet, ce que les services de secours ont vu ne représente que les déchets flottant à la surface de l’eau sans tenir compte de tout ceux qui ont sombré dans les fonds marins [1].
Mais le pire, ce sont ceux trop petits pour être repérés car la majeure partie des déchets qui se répandent dans les océans est constituée de particules atteignant seulement un ou deux millimètres de diamètre, soit plus petit qu’un grain de riz [2].
Ces particules de plastique sont décomposées par la lumière du soleil et les vagues jusqu’à ce qu’elles soient si petites qu’il n’est plus possible de les repérer à l’oeil nu. Les matières plastiques non-biodégradables encrassant les océans ne seront probablement jamais détruites. Au lieu de cela, elles se décomposent en fragments attirant les polluants cancérigènes comme les BPC et DDT, tuant l’écosystème océanique. Les groupes environnementaux s’inquiètent de voir ces particules se déplacer à travers les océans, au risque d’être ingérées par la flore et la faune avant d’être intégrées dans la chaîne alimentaire humaine.
Tout le monde devrait se sentir concerné par cette catastrophe environnementale !
Alors que la presse se tourne déjà vers de nouveaux sujets d’actualité, une campagne mondiale de sensibilisation sur la pollution des océans serait sans doute une bien meilleure façon d’honorer la mémoire de celles et ceux qui ont péri dans ce tragique accident.
[1] Our deep sea garbage dump: 18,000 hours of footage shows Pacific seafloor heaped in man-made trash, Daily Mail, 26th June 2013