Le Droit de Prendre sa Santé en Main
L’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), proclamée par les Etats participant à l’Assemblée Générale des Nations Unies à Paris, le 10 décembre 1948, déclare : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ».
On pourrait penser que le droit à la vie comprend également le droit de jouir d’une liberté fondamentale – celle d’essayer de préserver sa propre vie – sans avoir à obtenir la permission de la FDA (Food and Drug Administration) pour utiliser le médicament de son choix.
Cependant, au nom de l’autorité que lui confère le congrès américain, pour protéger le public des thérapies dangereuses et inefficaces, la FDA a mis en place une procédure d’autorisation tellement stricte qu’avant qu’un médicament puisse être mis à la disposition du grand public, il doit subir de long et coûteux essais cliniques pour déterminer son innocuité et son efficacité. Ce processus prend en moyenne 10 à 15 ans et coûte plus de 800 millions de dollars (1).
40% des patients atteints de cancer tentent de participer à ces essais cliniques, mais beaucoup d’entre eux sont refusés parce qu’ils ne répondent pas aux exigences strictes d’admissibilité, qu’ils ne vivent pas à proximité de l’hôpital ou qu’ils n’aient pas la capacité de se rendre dans un centre médical dans lequel l’essai clinique se déroule.
La semaine dernière, le Colorado est devenu le premier état à permettre aux patients en phase terminale d’avoir accès aux traitements expérimentaux non approuvés par la FDA. Le Missouri et la Louisiane s’apprêtent à suivre son exemple.
Le projet de loi du Colorado intitulé « Le droit d’Essayer » permet aux patients et aux médecins de travailler ensemble pour bénéficier de traitements expérimentaux avec l’accord des entreprises pharmaceutiques. Les compagnies d’assurance ne sont pas tenues de payer pour ces traitements, et les fabricants de ces médicaments peuvent choisir de faire payer les médicaments ou de les fournir gratuitement aux patients. Les personnes atteintes d’une « maladie en phase terminale » (définie comme un stade avancé d’une maladie avec un pronostic défavorable et sans remède connu) auront la possibilité d’accéder à des médicaments expérimentaux qui ont passé les tests de sécurité de base, sous réserve de la recommandation du médecin, du consentement avisé du patient et de la volonté du fabricant de rendre le médicament disponible.
La Sénateur Irene Aguilar, médecin et coauteur du projet de loi, l’appelle le projet « Loi Dallas Buyers Club », d’après le film du même nom, sorti en 2013, qui retrace l’histoire d’un patient atteint du SIDA, dans les années 1980, revendant clandestinement, au Texas, des produits pharmaceutiques non autorisés provenant du Mexique, afin de traiter les symptômes de la maladie. Selon la Sénateur : « quand vous êtes en phase terminale et qu’il existe un médicament capable de vous aider, les obstacles pour obtenir ce médicament peuvent sembler insurmontables ».
Jusqu’à présent, la loi du Colorado a obtenu un prudent « sans-commentaire » des groupes de médecins, des hôpitaux et des assureurs. Il est précisé que les fournisseurs et les assureurs ne seront pas tenus responsables si un patient qui utilise un médicament en dehors des essais cliniques tombe malade ou décède.
(1) “2013 Profile Biopharmaceutical Research Industry,” PhRMA, 2013, http://www.phrma.org/sites/default/files/pdf/PhRMA%20Profile%202013.pdf