Séralini
En effet l’étude qu’il a récemment publié “Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize”, conclue que le Roundup (1er herbicide mondial, produit par la compagnie Montsanto), ainsi que le maïs génétiquement modifié pour résister au Roundup, provoquent des dysfonctionnements hormonaux chroniques, ainsi que des pathologies des organes sexuels. Selon son étude sur les souris, la mortalité des femelles se trouvait augmentée de 2–3 fois, essentiellement en raison de tumeurs mammaires et de troubles de la fonction pituitaire. Les mâles developperaient un foie congestionné, voire nécrosé, des néphropathies avec tumeurs palpables. Une probable explication de cette différence des effets entre mâles et femelles serait dûe au fait que le Roundup induirait une perturbation endocrinienne et un nouveau métabolisme lié au transgène. Son étude appelle donc à mesurer les effets toxiques à long termes des OGMs et pesticides, au lieu de s’empresser à les autoriser en se basant sur des dossiers confidentiels.
Evidemment ceci contrevient directement aux intérêts des consortiums agroalimentaires, qui, dans le monde entier, ont une puissante activité de lobbying très efficace auprès des Agences des autorisations.
Dès la publication de l’article, les critiques contre Séralini ont fusé. D’abord de la part d’une quarantaine de scientifiques ou groupes affiliés (la plupart n’étaient du reste pas spécialistes du domaine de la toxicologe ni de celui de l’évaluation du risque lié aux OGM, et n’avaient pas publié d’article sur ce sujet), puis de l’Agence chargée des autorisations d’ OGM ou de pesticides. Personne ne sera surpris de savoir que nombre de ces gens relevaient d’un conflit d’intérêt pour leurs liens directs avec la compagnie Mosanto ou pour des intérêts commerciaux, en particulier avec ceux ayant déjà des autorisations de commercialisation de produits similaires.
Ce qui m’a frappée, c’est la similarité des arguments utilisés hier contre Mirko Beljanski, et aujourd’hui contre Séralini.
Dans les deux cas, des études bâclées aux résultats invraisemblables leur ont été opposées : pour Mirko Beljanski, ce fut en 1994 une étude de L’ANRS, produite en quelque jours sans respect du double-aveugle, et faisant référence à l’analyse d’un “produit visqueux” qui lui fut opposée pour prétendre à l’absence d’efficacité anti-virale du Pao pereira.
Alors que Gilles-Eric Séralini avait été nommé Chevalier de l’Ordre National du Mérite en 2008, sur proposition du ministère de l’Écologie pour l’ensemble de sa carrière en biologie, il voit maintenant ses compétences professionnelles soudainement remises en doute, et publiquement traité de “disgâce” de la commummunauté scientifique. Ce fut,tristement, le cas identique pour Mirko Beljanski (voir les lettres infamantes que la présidente d’une commission du CNRS adressa à Beljanski et que Monique Beljanski a publié en Annexe dans son livre “La Chronique d’une Fatwa scientifique” (ed.G.Trédaniel, Paris).
Au moment même où Seralini expose les dangers des OGM, une résolution (Continuing Resolution (CR)) concernant la répartition du budget est actuellement débattue au Sénat à Washington. Cette résolution contient un article sur les d’OGM qui n’a rien à faire là, et qui est destiné à retirer toute autorité à la Cour fédérale sur la vente ou la plantation de céréales génétiquement modifiées, et cela alors même que la Food and Drug Administration (FDA) des Etats-Unis prépare un texte relatif à l’impact des OGM sur l’environnement.
Si ce projet devient loi, ce sera la fin de toutes les petites sauve-garde juridiques qui protègent encore tant bien que mal les fermiers et le public. Il rendra les décisions juridiques, en matière d’OGM, d’interdiction de ceux-ci et d’indemnisation en cas de catastrophe, totalement inopérantes.
J’espère que Séralini aura la force de faire entendre sa voix, assez fort, assez longtemps, pour qu’elle s’impose à ceux qui n’entendent que le bruit de l’argent.
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